Le coût de possession est un élément important à prendre en compte lors de l’achat d’un bateau. Il est indéniable qu’être propriétaire d’un bateau peut paraître onéreux, mais si on compte toutes les nuits à bord, les journées en mer et les semaines passées à naviguer, la comparaison avec d’autres modes de vacances reste très favorable.
Il est communément admis qu’il faut prévoir un certain pourcentage – généralement autour de 20 % – de la valeur du bateau pour couvrir les frais annuels. À première vue, cela peut paraître cohérent : les bateaux les plus chers sont susceptibles d’être stationnés dans les ports les plus coûteux, tandis que les bateaux les plus modestes s’orienteront vers des solutions d’amarrage moins onéreuses.
Cependant, un certain nombre de facteurs ont évolué et cette règle empirique peut potentiellement induire en erreur les futurs propriétaires. Le plus important, c’est la forte baisse de prix de nombreux bateaux d’occasion au cours des dix dernières années. Bien entendu, cette évolution est à bien des égards bienvenue pour les acheteurs de bateaux, mais elle signifie aussi que les coûts d’exploitation annuels peuvent représenter une part beaucoup plus importante de la valeur d’achat.
Photo : Les frais annuels de sortie d’eau et de calage sont inévitables, mais une bonne anticipation permet de les minimiser.
PORT ET ASSURANCE
Les frais de port sont les plus facilement quantifiables, même si vous devrez peut-être creuser un peu si vous souhaitez une solution bon marché plutôt qu’une luxueuse marina proposant toutes sortes de services dont vous n’avez pas forcément besoin. Les prix varient considérablement en fonction des équipements. Même en Méditerranée où la demande est très forte, il est encore possible de trouver un anneau pour un bateau de 9 mètres à moins de 1500 euros par an; en revanche, une place au ponton dans une marina haut de gamme pour le même bateau peut facilement coûter plus de 6 000 euros pour 12 mois.
Pour en savoir plus sur les différents types d’anneaux consultez notre guide Comment trouver une place de port (en Anglais)
L’assurance est rarement un poste important par rapport aux autres coûts du bateau et elle reste toujours beaucoup moins chère que celle d’une voiture de valeur pourtant nettement inférieure. Dans le bas du marché, il est possible d’obtenir une couverture au tiers pour moins de 100 euros par an, tandis qu’une assurance tous risques classique pour un bateau de 100 000 euros tourne autour de 0,5 % de sa valeur.
Photo : La place de port représente souvent le coût annuel le plus important pour un propriétaire de bateau. Plus l’emplacement et les installations sont séduisants, plus on peut s’attendre à payer cher.
ENTRETIEN
Il s’agit là d’une zone plus floue et les coûts varient considérablement d’un bateau à l’autre, voire d’un propriétaire à l’autre à bateau identique. Si vous pensez effectuer vous-même la plupart des travaux, sauf les plus complexes, les coûts seront nettement inférieurs à ceux d’un chantier naval, d’un technicien spécialisé ou d’un maître-voilier.
Dans tous les cas, il est possible d’économiser pas mal d’argent et de s’éviter bien des soucis en s’imposant des contrôles réguliers, notamment sur le moteur, le gréement et les voiles pour détecter les premiers signes de faiblesse. Le vieil adage selon lequel “mieux vaut prévenir que guérir” est tout aussi valable aujourd’hui qu’à l’époque de Moitessier. Si vous repérez un problème avant qu’il n’entraîne des dégâts importants, les réparations peuvent être rapides, simples et ne pas coûter les yeux de la tête.
Certains travaux sont incontournables, notamment le remplacement des anodes et le renouvellement de l’antifouling. Pour ce dernier, si vous le faites vous-même, cela vous coûtera entre 100 et 200 euros pour un bateau de 11 mètres, selon la qualité de l’antifouling. Si vous confiez le travail à un chantier naval en revanche, le coût peut varier considérablement en fonction des frais de main-d’œuvre, et cela peut aller de 400 euros à plus du double.
De nombreux propriétaires de bateaux de plaisance essaient de faire durer l’antifouling plusieurs saisons, afin de réduire le nombre de sorties d’eau. L’inconvénient, c’est qu’au final, le bateau est tellement sale qu’il en devient moins performant. Si ce n’est pas un problème pour des voiliers de croisière pure, pour un bateau à moteur la surconsommation de carburant utilisé dépassera de loin les économies réalisées en retardant la sortie d’eau. Si vous disposez d’un budget limité, il est en revanche possible de réaliser des économies en sortant de l’eau durant l’été, lorsque les chantiers navals ont tendance à être moins occupés et proposent alors des prix sensiblement réduits, le coût pour un bateau de 10 mètres pouvant alors tomber sous les 200 euros.
Photo : L’électronique est plus fiable que par le passé. Toutefois, il est encore difficile d’estimer la durée de vie d’équipements qui deviennent de plus en plus complexes.
DÉPRÉCIATION DES BATEAUX
Il n’a jamais été facile de prédire l’avenir et l’époque où l’on pouvait être presque sûr que l’inflation serait suffisamment élevée pour qu’un bateau d’occasion bien entretenu conserve sa valeur d’achat est révolue depuis bien longtemps.
La grande question, c’est de savoir à combien estimer la moins-value ? Il est très difficile de répondre à cette question, même si on a une bonne base avec le fait qu’il existe de nombreux exemples de bateaux qui, une fois toutes les options valorisées, perdent environ 50 % de leur valeur initiale au cours des six ou sept premières années. Au-delà, les chiffres deviennent plus flous, en partie parce que lorsqu’un bateau approche de ses 10 ans, certains propriétaires ont déjà commencé à renouveler son équipement.
Pour les modèles plus anciens, dont les emménagements sont relativement modestes par rapport à leur longueur totale, l’essentiel de la valeur du bateau réside dans leur équipement et leur accastillage – moteur, gréement, voiles, électronique, etc. Si ces éléments coûteux sont à remplacer, le bateau risque de ne pas valoir grand-chose. Bien entendu, si vous achetez ce genre de bateau à sa valeur vénale, vous n’aurez pas beaucoup de dépréciation à attendre sur le bateau lui-même, mais vous devrez en revanche prévoir un budget pour remplacer régulièrement de l’équipement.
Vous trouverez sur le site boats.com des informations plus détaillées sur la manière de rénover et améliorer votre bateau à moteur ou de rénover et améliorer votre voilier. (en anglais)
RÉNOVER ET REMPLACER L’ÉQUIPEMENT DU BATEAU
Il peut être très difficile de prévoir la durée de vie de la plupart des équipements du bord. Toutefois, il est fort prudent de garder une cagnotte qui servira à payer les changements indispensables. J’utilise les estimations de durée de vie suivantes pour établir un budget des dépenses importantes potentielles, sur la base d’un équipement de milieu de gamme et d’un entretien régulier.
- Moteur (et groupe électrogène) : 20 ans
- Mât et bôme : 20-30 ans
- Gréement dormant : 5 ans (course) ; 10 ans (croisière)
- Gréement courant : 10 ans
- Accastillage de pont : 20-30 ans
- Sellerie intérieure : 10-15 ans (20 ans pour la mousse)
- Radeau de survie : 12 ans
- Gilets de sauvetage : 10 ans
- Batteries : 4-7 ans
- Électronique : 8-10 ans
- Voiles : 2-5 ans (course) ; 10-15 ans (voiles de croisière de qualité)
- Pont en teck : 10-15 ans (potentiellement plus de 20 ans s’il n’est jamais nettoyé)
- Sellerie extérieure (housses de voile, capote de roof, etc.) : 15-20 ans
Il faut noter que la durée de vie de chaque équipement varie considérablement d’un bateau à l’autre, en fonction de la façon dont il est utilisé, de la fréquence d’utilisation, de la région où vous êtes basé (pluie, vent, ensoleillement, sable…), de la fréquence d’entretien et de la qualité des équipements d’origine. Dans certains cas, ces équipements peuvent durer beaucoup plus longtemps. Par exemple, de nombreux bateaux ont encore des moteurs et des mâts qui ont 30 ou 40 ans, mais la plupart d’entre eux auront été changés ou entièrement remis en état à cet âge. Quoi qu’il en soit, disposer d’une réserve financière un peu plus importante que nécessaire est toujours une bonne idée.
Pour en savoir plus, consultez notre guide d’entretien (en anglais).
Note de l’editeur: Cet article a été initialement publié en 2022 par Rupert Holmes en anglais, puis mis à jour et traduit en français en juin 2024 par François Tregouet.